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- Créé le dimanche 30 novembre 2025 17:37
- Mis à jour le lundi 1 décembre 2025 19:05
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Théo

On doit au professeur Théo Rimbol, neurocogniticien de l’Université de Klapour, des recherches sur les sentiers invisibles de la créativité esthétique, particulièrement dans le domaine littéraire.
Sa grande théorie, couchée dans l’ouvrage Observations transversales des émanations créatrices dans le cerveau, repose sur une idée choc : la création dans l'art n’est pas un éclair synaptique, mais relève d’un liquide-gaz hybride, le LGH, circulant dans un organe encore mal connu, l’Organe spéculaire de Rimbol, glande bleutée située quelque part entre le rêve et le tympan gauche.
Toute création naîtrait sous forme de perles humides, brutes de contenu, qui se rejoignent dans les canaux inspirulaires, où elles s’entrechoquent pour produire du sens par éclaboussure sémantique, perceptible à ce stade uniquement par celui qui crée, mais aussi par les chats et les êtres vivants y compris végétaux, dont l’empathie vibratoire dépasse 40 vibrahertz.
La théorie distingue trois états de la créativité :
- le solide eidétique, rare, dense, entêté comme une falaise de certitude, comparable à la rigueur structurale d’une sonate de Bach ;
- le liquide perceptuel, mouvant, adaptatif, parfois un peu collant aux émotions musicales, à l’image des expérimentations poétiques surréalistes, des courbes fluides des vers de Rilke ou des aquarelles de Turner ;
- le gaz imaginactif, expansif, volatil, responsable bien évidemment des oublis recomposés de Proust, mais aussi des inventions néo-merveilleuses, des évanescences conceptuelles et surtout du Syndrome de Stendhal.
Or, pour réguler le flux inventif, sont préconisés des exercices respiratoires adaptés, capables d’éviter les redoutables embolies de sens, ces blocages où les idées s’accumulent en caillots de perplexité, bien contraires aux orages raisonneux, rafraîchissant temporairement l’atmosphère intellectuelle avant d’amener la cristallisation éclairée, phénomène où l’émanation la plus lumineuse fige le monde en une vérité phosphorescente stable, jusqu’à la prochaine marée imaginative.
Ses collègues jugeaient Rimbol un peu fantaisiste ; pourtant, chacun, aux moments d’intense émotion esthétique, reconnaît le frémissement glouminant — ce petit gargouillis intérieur, subtile vibration qui atteste, peut-être, sans doute, que ce cher Théo avait vu juste.









