Boustrophédon

 

Peut-être par sa proximité avec le nom Belphégor, et parce que je ne savais pas à quoi il correspondait, lorsque j'ai entendu Boustrophédon j'ai cru qu'il s'agissait d'un fantôme errant quelque part. Mais non.  Du grec bous (bœuf) et strophé (action de revenir), le Boustrophédon est une ancienne forme d’écriture qui ne va pas de gauche à droite ni de droite à gauche mais dans les deux sens. Comme le bœuf labourant son champ, le Boustrophédon laboure sa page d'abord dans une direction, puis en fin de ligne il effectue un petit virage pour retourner en sens contraire, au point de départ, mais une ligne plus bas, au bout de laquelle il effectue un nouveau virage et repart en sens contraire, et ainsi de suite. On pourrait dire aussi une écriture en Z de zigzag mais je préfère écriture en S de système somme toute très intelligent, puisqu’il optimise le temps aussi bien que le mouvement, comme le font les trains de transport qui ne retournent jamais vides au point de départ. Mais, comme à part des machines imprimantes, plus personne ne croit au Boustrophédon depuis plus de vingt-cinq siècles, même pas de Vinci, Léonard ; comme en somme il ne reste du Boustrophédon que le souvenir flottant, je ne m’étais pas tout à fait trompée en pensant que c'était le nom d'un fantôme errant quelque part.

Mais pas n’importe comment : dans son espace idéal mon fantôme vagabonde de gauche à droite, puis le voilà qui fait un petit virage pour entreprendre de droite à gauche le retour au point de départ, une ligne plus bas, et recommence, comme remplissant une page, jusqu’à la fin des temps.

 

novembre 2018

 

 

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