Gersomine et la Tarentule

 

La tarentelle de la tarentule n'est pas un jeu avec les mots. Selon d'anciennes croyances tarantaises, les morsures de tarentules provoquaient des états de folie, souvent mélancoliques qui avaient comme antidote une musique euphorisante communiquant le désir de danser en mouvements sautillants, accélérés et transpirants qui évacuaient de ce fait le poison hors de l'organisme. Outre le mordu, se joignaient à la danse les anciens tarantulés en crainte de rechute, mais aussi ses parents et voisins ; même un village tout entier pouvait taranteller une ou plusieurs journées, au son de violons, guitares, cithares et tambourins.

Gersomine, point mordue de tarentule mais de tarantelle, parée, tout comme son tambourin, de rubans de toutes les couleurs, dansait avec les autres, quand elle aperçut quelque chose d'étonnant. A  l'écart du tumulte, sur un monticule, une tarentule remuait ses pattes deux par deux au rythme de la tarentelle :  elle dansait ! Gersomine amena chez elle la tarentule, qui s'installa dans des interstices inaccessibles qu'elle seule connaissait et d'où elle ne sortait qu'attirée par le son du tambourin. Alors Gersomine et la tarentule dansaient ensemble au rythme de la tarentelle.

On allait découvrir plus tard et on sait aujourd'hui que les gens de ces temps moyenâgeux se trompaient d'araignée, puisque c'est une autre espèce la responsable de la morsure toxique, parfois même mortelle. Nous pouvons donc sans l'ombre d'un remord, sans crainte de tarentisme, laisser danser Gersomine avec la tarentule inoffensive au rythme contagieux et sans antidote de la danse de tarentelle, qui résultant d'une erreur entomologique, vous réveille néanmoins un mort et vous préserve des états mélancoliques.

 

janvier 2017

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